L'utilisation d'IPP chez les jeunes enfants peut augmenter le risque d'infections graves

Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) constituent l'un des principaux traitements du reflux gastro-œsophagien (RGO), car ils réduisent efficacement la sécrétion d'acide gastrique. Chez les nourrissons, il est souvent difficile de faire la distinction entre le RGO et le reflux gastro-œsophagien non compliqué (régurgitation). Le reflux gastro-œsophagien touche jusqu'à 70% des nourrissons âgés de trois à quatre mois et disparaît spontanément à l'âge de 12 mois. Le reflux gastro-œsophagien non compliqué ne nécessite pas de traitement par IPP. La prise d'IPP chez les jeunes enfants est en augmentation dans la plupart des pays à revenu élevé. Par exemple, en France, 6,1% des enfants de moins de deux ans ont utilisé des IPP en 2019, contre 3,6% en 2010. Les IPP ont été associés à divers effets indésirables, notamment des fractures osseuses, des lésions rénales aiguës, des allergies, de l'asthme et des maladies inflammatoires de l'intestin chez les enfants. Ils sont également soupçonnés de favoriser les infections en modifiant le pH ou en agissant directement sur le système immunitaire. Les données sur le risque d'infections liées aux IPP chez les jeunes enfants sont rares. Une étude de cohorte nationale a été réalisée en France afin d'examiner cette question. L'étude a utilisé les données du registre Mother-Child EPI-MERES construit à partir du système de données de santé français. Tous les enfants nés entre 2010 et 2018 ayant reçu un médicament (IPP, antagoniste des récepteurs de l'histamine-2 ou antiacide/alginate) pour un RGO ou un autre trouble lié à l'acidité gastrique ont été inclus dans l’étude. Ainsi, la population étudiée comprenait 1 262 424 enfants. Parmi eux, 606 645 ont reçu un IPP (53,4% de garçons; âge médian à la date index, 88 jours) tandis que 655 779 n'ont pas reçu d'IPP (52,2% de garçons; âge médian à la date index, 82 jours). Ils ont été suivis jusqu'à une admission à l'hôpital pour une infection grave, leur décès ou la perte du suivi, ou jusqu'à la fin de l'année 2019 (suivi médian de 3,8 ans). Le principal critère de l'étude était la première apparition d'une infection grave nécessitant une hospitalisation. Les infections graves ont été classées en fonction du site corporel (tube digestif; oreille, nez et gorge; voies respiratoires inférieures; reins ou voies urinaires; peau; système musculosquelettique; et système nerveux) et de l'agent pathogène (viral ou bactérien). À lire aussi: Un risque de démence lié aux IPP Les chercheurs précisent qu'à leur connaissance, il s'agit de la première étude portant sur le risque d'infections graves associé à la prise d'IPP chez les jeunes enfants et comprenant une évaluation de l'infection à différents endroits du corps. Les résultats de leur étude montrent que l'utilisation des IPP a été associée à un risque accru d'infections graves chez les jeunes enfants en général (rapport de risque ajusté [RRA], 1,34 ; IC à 95%, 1,32-1,36). Plus précisément, l'utilisation des IPP a été associée à un risque accru d'infections: du tube digestif (aHR, 1,52 ; IC à 95%, 1,48-1,55); de l'oreille/nez/gorge (aHR, 1,47 ; IC à 95%, 1,41-1. 52); des voies respiratoires inférieures (aHR, 1,22 ; IC à 95%, 1,19-1,25); des reins ou des voies urinaires (aHR, 1,20 ; IC à 95%, 1,15-1,25); et du système nerveux (aHR, 1,31 ; IC à 95%, 1,11-1,54). L'étude a également mis en évidence un risque accru d'infections bactériennes (aHR, 1,56 ; IC à 95%, 1,50-1,63) et d'infections virales (aHR, 1,30 ; IC à 95%, 1,28-1,33). Les chercheurs rappellent que les IPP ne doivent pas être utilisés dans la population pédiatrique en l'absence d'indication thérapeutique claire.

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