La luminothérapie accélère la réponse au traitement de la dépression

La luminothérapie n'a pas besoin d'être seulement utilisée en tant que traitement saisonnier. Il est de plus en plus évident qu'elle peut être efficace en tant que traitement d'appoint des troubles dépressifs non saisonniers, y compris la dépression non saisonnière et celle associée à un trouble bipolaire. «La luminothérapie augmente non seulement les taux de rémission et de réponse, mais accélère également le délai de réponse au traitement initial», indique une étude publiée dans le JAMA Psychiatry.L'exposition à la lumière est connue pour influencer l'humeur et les fonctions cognitives. Elle agirait par l'intermédiaire des cellules ganglionnaires de la rétine, dont les axones s’étendent à travers les zones du cerveau impliquées dans la régulation de l'humeur.«Depuis 1984, de nombreuses études ont prouvé l'efficacité de la luminothérapie dans le traitement des troubles dépressifs saisonniers. Cependant, malgré de nombreuses études évaluant le même traitement dans la dépression non saisonnière, il subsiste une présomption injustifiée selon laquelle [la luminothérapie] n'est pas efficace pour ces patients», souligne Artur Menegaz de Almeida, coauteur de l'étude. Il est étudiant en quatrième année de médecine à l'Université fédérale du Mato Grosso à Sinop, au Brésil.Les chercheurs ont procédé à une revue systématique et à une méta-analyse afin de déterminer si la luminothérapie peut s’avérer efficace dans le traitement des troubles dépressifs non saisonniers. «La combinaison de données provenant d'études similaires peut fournir une conclusion plus précise que les résultats d’études individuelles», ajoute-t-il.De nombreuses bases de données médicales ont été utilisées pour rechercher des études contrôlées et randomisées sur la luminothérapie et les troubles dépressifs. Au total, 11 essais uniques comportant des données sur 858 patients souffrant d'un trouble dépressif non saisonnier, quel qu'il soit, ont été inclus dans les analyses. Seules les études publiées après l'an 2000 et présentant des résultats comparables ont été incluses. Le principal résultat recherché était la réponse au traitement et la rémission des symptômes. Les résultats secondaires comprenaient: l'échelle d'évaluation de la dépression de Hamilton (HAM-D), l'échelle d'évaluation de la dépression de Montgomery-Åsberg (MADRS) et l'échelle d'impression globale clinique (CGI). En outre, une analyse de sous-groupe a été réalisée en examinant les délais de suivi pour la rémission et les réponses.À lire aussi: La luminothérapie pour atténuer la fatigue et réduire les erreurs des travailleurs de nuitParmi les patients, 649 (75,6%) étaient des femmes et 209 (24,4%) des hommes. Un total de 426 (52,3%) patients ont obtenu de la luminothérapie, tandis que 389 (47,7%) étaient des témoins.Huit des études ont rapporté le taux de rémission des symptômes. Ces analyses ont indiqué que le taux de rémission estimé chez les patients souffrant de troubles dépressifs non saisonniers était significativement plus élevé que chez ceux des groupes témoins, avec des taux respectifs de 40,7% et 23,5%. Le taux de réponse était également significativement plus élevé dans le groupe de luminothérapie (60,4%) que dans le groupe témoin (38,6%).Les données relatives aux traitements de moins et de plus de quatre semaines ont également été analysées. Là encore, les patients ayant subi une luminothérapie présentaient des taux de rémission et de réponse supérieurs à ceux des patients n'en ayant pas bénéficié.«Ce résultat était surprenant», convient M. Menegaz de Almeida. «Les périodes de suivi variaient de 1 à 6 semaines, il est possible que l'utilisation de la luminothérapie pendant une semaine soit aussi efficace que pendant 6 semaines». D'autres études sont nécessaires pour clarifier la relation temps-réponse de la luminothérapie.En ce qui concerne les échelles de dépression, les participants ayant suivi reçu de la luminothérapie ont obtenu une réduction des scores HAM-D significativement plus importantes que ceux qui n'avaient pas suivi la thérapie. Cependant, il n'y a pas eu de changements significatifs dans les scores CGI et MADRS entre les groupes.«Nous n'avons pas été en mesure d'effectuer des analyses séparées pour les patients souffrant de trouble dépressif majeur et de dépression associée à un trouble bipolaire, mais nos résultats indiquent que la luminothérapie est efficace pour les deux types de dépression. Toutes les analyses d'efficacité ont favorisé le groupe de luminothérapie, avec une hétérogénéité faible à modérée entre les études», note M. Menegaz de Almeida.À lire aussi: Prise en charge de la dépression chez l’adulte: mise à jour des lignes directricesD'une manière générale, la luminothérapie s'est avérée efficace en tant que traitement d'appoint des troubles dépressifs non saisonniers et a permis d'améliorer le temps de réponse au traitement initial.La luminothérapie est déjà reconnue comme un traitement efficace pour les dépressions légères non saisonnières et comme une thérapie complémentaire pour les dépressions modérées non saisonnières, estime le Dr Michael Mak, psychiatre au Centre for Addiction and Mental Health et professeur adjoint de médecine à l'Université de Toronto. Il n’a pas été impliqué dans l'étude.«La luminothérapie est aussi efficace dans le traitement de la dépression bipolaire et nous ne disposons pas de preuves qu'elle provoque une manie, ce qui était une préoccupation théorique dans le passé», indique le psychiatre.Il précise que la luminothérapie est abordable, facile à utiliser et qu'elle est pratique dans des endroits tels que le Canada, où il y a une plus faible quantité de lumière naturelle du soleil par rapport aux pays équatoriaux. Les Canadiens «pourraient bénéficier d'une utilisation plus répandue des traitements d'appoint à la luminothérapie contre la dépression», plaide-t-il.Le Dr Mak a ajouté que cette nouvelle étude «renforce l'idée que la luminothérapie est un complément utile au traitement habituel de la dépression non saisonnière et de la dépression bipolaire».

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