Gynécomastie: un risque de mort prématurée pour les hommes qui en sont atteints

La gynécomastie est l’affection mammaire la plus courante chez les hommes; elle concerne entre 30 et 60% d’entre eux. Cette hypertrophie mammaire peut apparaître à tout moment de la vie. Elle peut être liée à un déséquilibre hormonal (œstrogènes et testostérone; pendant la puberté, par exemple), ou à une prise de poids pouvant l’aggraver, surtout lorsque les niveaux de testostérone diminuent avec l’âge – on parle alors de pseudogynécomastie ou lipomastie. D’autres facteurs peuvent entrer en jeu et contribuer au développement d’une gynécomastie, comme la prise de certains médicaments tels que «les antibiotiques, les médicaments antiulcéreux, les hormones de croissance et la chimiothérapie» et, dans une moindre mesure, la consommation de «stéroïdes anabolisants», «de marijuana, d’héroïne ou d’amphétamines» précise le journal du Collège des médecins de famille du Canada. Jusqu’à 75% de risques supplémentaires de décès prématuréC’est pourtant la première fois qu’une étude s’intéresse aux risques de décès liés à la gynécomastie, une affection décrite comme étant bénigne dans la littérature médicale. Pour ce faire, des chercheurs de l’hôpital universitaire de Copenhague et du Centre Rigshospitalet Juliane Marie de Copenhague se sont basés sur des registres de santé danois menés à l’échelle nationale, couvrant tous les diagnostics de gynécomastie, avec et sans facteur de risque préexistant connu. Leurs travaux, publiés dans la revue BMJ Open, établissent ainsi que les hommes sujets à une hypertrophie mammaire ont un risque élevé de mourir avant l’âge de 75 ans. «Les hommes diagnostiqués avec une gynécomastie courent un risque plus élevé de décès, observé principalement chez les hommes présentant un facteur de risque préexistant connu de gynécomastie», comme un cancer ou d’autres maladies, précisent les auteurs.À lire aussi: Déficit tardif en testostérone: nouveau guide pour les pharmaciensAprès avoir étudié les données de 23 429 hommes danois diagnostiqués avec une gynécomastie incidente entre 1995 et 2021, les scientifiques ont divisé les patients en deux groupes: ceux atteints de gynécomastie idiopathique (dont la cause était inconnue) et ceux atteints de gynécomastie associée à une maladie préexistante ou à la prise de médicaments. Toutes ces données ont été comparées avec celles d’hommes randomisés sans hypertrophie mammaire.Inciter les professionnels de santé à intervenirLes chercheurs ont ainsi observé que, globalement, les hommes présentant une gynécomastie avaient 37% de risques en plus de mourir prématurément. Un facteur de risque qui montait à 75% pour les hommes dont la gynécomastie était associée à une autre maladie, en particulier les cancers (+74% de risque), ainsi que les maladies pulmonaires et intestinales (risques multipliés respectivement par 2 et 5). Chez les hommes atteints d’une gynécomastie idiopathique, les risques de décès prématuré n’étaient accrus que de 5% par rapport aux hommes en bonne santé; un risque toutefois doublé pour les patients souffrant également d’une maladie du foie.À lire aussi: Déficit en testostérone: le traitement sans danger pour les hommes souffrant de maladies cardiaquesSi les auteurs reconnaissent ne pas avoir «été en mesure d'ajuster les analyses sur d'importants facteurs de confusion potentiels tels que l'obésité, les perturbateurs endocriniens environnementaux et l'utilisation abusive de stéroïdes», ils espèrent néanmoins que ces résultats «stimuleront davantage de sensibilisation parmi les prestataires de soins de santé pour qu'ils puissent potentiellement intervenir auprès des hommes avec cette condition et atténuer les facteurs de risque sous-jacents», écrivent-ils.En outre, si la gynécomastie peut être facilement prise en charge (par l’arrêt d’une médication ou une opération chirurgicale), elle provoque chez les hommes qui en sont atteints des troubles psychologiques non négligeables – «anxiété, inconfort psychosocial et peur du cancer du sein», rappelle une étude publiée en 2014 dans l’Indian Journal of Endocrinology and Metabolism.

Gynécomastie: un risque de mort prématurée pour les hommes qui en sont atteints

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes